Rencontre avec Sophie Lebot : Illustratrice de Bambi

En me baladant dans ma librairie préférée l’autre jour, je suis tombée nez à nez avec ce sublime album édité par Flammarion Jeunesse. Gros coup de coeur, j’ai contacté la maison d’édition pour en savoir plus sur Sophie Lebot, l’illustratrice qui a réalisé ces dessins à la fois poétiques et oniriques. Rencontre avec une créative aussi adorable que talentueuse !

Je crois que vous êtes autodidacte, comment êtes-vous arrivée à l’illustration ?

S.L : Je suis autididacte oui et non. Oui dans la mesure ou je ne connais rien à la chaine du livre et aux technique d’impression car je n’ai pas suivi de cursus dédié à l’illustration ni au graphisme. Mais non dans la mesure où j’ai commencé les cours de dessin vers l’âge de 13 ans en suivant les cours périscolaires des Beaux Arts de Rennes (2 heures tous les mercredi jusqu’à la terminale), puis un bac A3 option arts plastiques suivi d’une mise à niveau à l’école Estienne pour finir par un BTS expression visuel espace de communication à l’école Olivier de Serres.

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Est-ce que devenir mère a changé quelque chose dans votre travail de création ?

S.L : Non je ne crois pas, en dehors d’une gestion du temps pas toujours confortable 🙂 Il se trouve que je travaille pour la jeunesse mais ce n’est pas une décision de ma part, c’est comme ça. Parce que ce que je fais instinctivement s’adresse davantage à un public jeune. Mon parcours fait que je n’ai pas eu assez confiance en moi et assez d’aisance pour  prendre le recul nécessaire et décider de produire en direction et/ou en réaction à mon vécu de maman.  Mon premier album publié, Le ventre de maman, a d’abord été le faire-part de naissance de mon deuxième enfant. Et si vous voulez tout savoir, il avait en fait été écrit 7 ans plus tôt, alors même que mon compagnon était résolu à ne jamais fonder de famille …

Je suis admirative de Clothilde Delacroix que je découvre depuis peu, et qui met en scène de façon sensible et drôle son quotidien. Maintenant qu’il sont adolescents les albums ne concernent plus mes enfants, mais des bébés ont fait leur entrée dans la famille et peut-être ferais-je des choses en pensant à eux.

Quels sont vos livres jeunesse préférés ?

S.L : Je ne vais pas être originale … Max et les maximonstres, la série de la « Fée Coquillette »  et « Picolo le pénible » de Didier Levy et Benjamin Chaud,  Le plus féroce des loups, Léonardo le monstre épouvantable, Ma dent ! Elle bouge ! de Agnès de Lestrade et Ronan Badel, et par les temps qui courent : Patates, de Lionel Lenéouanic qui parle de tolérance, sans oublier Le Yark de Bertrand Santini et Laurent Gapaillard. Mais il y en a tant d’autres …

Que conseilleriez-vous aux parents pour éveiller les tous petits aux livres et aux illustrations ?

S.L : Prendre du plaisir !  Je crois que si vos enfants perçoivent que vous prenez du plaisir à raconter l’histoire et à plonger dans les images ils seront d’autant plus curieux. Prendre le temps,  laisser trainer des livres, entrer dans des librairies et des bibliothèques avec eux. Faire que ce soit un moment de partage et un moment privilégié. Après je crois qu’il n’y a pas de recette. Je suis convaincue que l’univers de la lecture et des histoires au sens large est un formidable outil pour se construire, mais je suis un peu triste que cela devienne une sorte d’injonction. On est quelqu’un de bien si on lit, si on lit beaucoup, et si possible des romans ou des essais de qualité. Et donc en tant que parent on a réussi l’éducation de sa progéniture si on a réussi à en faire des « lecteurs ». Je crois qu’il faut que ce soit une démarche naturelle simple sans autre enjeux que celui du plaisir et de la gourmandise.

Pouvez-vous m’en dire plus sur le projet Bambi, comment est-il né ? Qu’est ce qui vous a fait vibrer ?

S.L : J’ai été contactée par le directeur artistique de chez Flammarion, que je connaissais un peu pour avoir déjà travaillé avec lui sur Hansel et Gretel, et Raiponce. J’avais en tête l’histoire de Disney comme tout le monde je crois : ce petit faon qui perd sa maman et puis panpan le lapin … Mais j’ai été très surprise en recevant le texte de constater qu’il ne se passe finalement pas grand chose dans l’histoire de Felix Salten traduite fidèlement par Kochka, et que Panpan n’existait pas.

J’ai mis du temps à savoir comment j’allais le dessiner : il ne fallait pas faire du copier coller de Disney mais en même temps je me doutais qu’on attendait quelque chose de doux et d’assez réaliste. Cette histoire est en fait un prétexte à faire découvrir aux enfants l’évolution de la vie de la forêt au fil des saisons, avec ses changements de lumière et de couleurs, les animaux qui se transforment en grandissant et qui voient au fil des saisons  leur pelage prendre de nouvelles nuances. J’ai donc essayé de faire attention à ces détails là, trouver des angles un peu surprenants. Par exemple, lorsque l’on voit Bambi se réfugier sous sa maman comme si on observait la scène du fond d’un terrier de lapin, ou bien quand on voit les chevreuils fuir comme si on se retrouvait à la cime d’un arbre. C’était ça qui était passionnant : trouver des postures différentes pour Bambi afin de rendre tout cela dynamique et pas trop lassant à regarder. Je me suis aussi beaucoup attachée au travail de la lumière.

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Quelle est la place des mots dans votre travail de création ? Est-ce que vous vous en inspirez ou au contraire vous passez outre pour laisser libre cours à votre imagination ?

Les mots sont essentiels car ce sont eux qui racontent l’histoire et qui lui donnent son caractère. Sérieux, joyeux, premier ou second degré, si on s’adresse à de très jeunes enfants ou à des enfants d’une certaine maturité. Je crois qu’inconsciemment cela influence le style de mes dessins. Parfois l’éditeur me propose une histoire avant qu’elle soit tout à fait écrite et il peut arriver que le texte ne corresponde pas à l’idée que je m’étais faite de l’histoire (son ton, sa qualité poétique) …  Mais c’est aussi le métier de faire avec.

On est obligé de faire attention aux mots car certains donnent des descriptions et on n’a pas le droit au contre sens en illustration. Si l’illustration peut élargir l’univers, donner à voir des détails qui ne sont pas dans l’histoire ou dans le texte (et cela fait partie du plaisir de création) il ne peut dire le contraire donc il est difficile. Par contre peut être que par l’image on peut poétiser une propos qui ne le serait pas assez.

D’une manière générale je n’aime pas quand le texte est trop riche en descriptions car c’est difficile ensuite de projeter son propre univers,  hors cela fait partie de mon plaisir que d’inventer et d’apporter une petite touche personnelle tout en ayant toujours à coeur de respecter et d’essayer de ne pas trahir l’auteur, puisque l’histoire est au coeur du livre.

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21 réponses sur “Rencontre avec Sophie Lebot : Illustratrice de Bambi”

  1. Est-ce que c’était à la librairie Le livre et la tortue ? Si oui c’est là qu’a été prise la photo !

  2. Le livre préfére de ma fille (Bambi, mais pas celui la) jusqu’à ses 6 ans ! on le lisait tous les soirs et je le connais par coeur

  3. Je comprends Gaby ! Il n’a que 7 mois mais déjà on en connait un ou deux sur le bout des doigts … Je compatis haha

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