Catherine Dolto : L’art de parler aux bébés

La semaine dernière, j’ai eu la chance d’assister à la conférence animée par les Docteurs Catherine DOLTO, Médecin et Haptothérapeute, Présidente de l’association des archives de documentation Françoise DOLTO et Caroline ELIACHEFF, Pédopsychiatre et Psychanalyste, Vice-Présidente de l’association La Cause des Bébés. Une conférence très intéressante sur l’Art de parler aux bébés. Je vais vous retranscrire quelques extraits qui m’ont particulièrement marquée.

A l’époque de Françoise Dolto, le bébé était considéré comme un tube digestif, ni plus ni moins. Françoise Dolto rompait donc avec le discours ambiant et faisait figure de précurseur. A 5 mois, un bébé identifie en regardant sur les lèvres, si on lui parle dans sa langue maternelle, ou non. L’être humain, même au stade prénatal, est en quête de sens et c’est une recherche qui ne cessera d’exister tout au long de sa vie.

Pourquoi parler aux bébés ? Pour vivre !

Au 13ème siècle, le roi Frédéric II, qui parlait neuf langues, voulu faire une expérience pour savoir quelle était la langue naturelle de l’humain. Son idée fût donc d’installer six bébés dans une pouponnière : les nourrir, les baigner, les bercer, mais surtout ne jamais leur parler. Il espérait ainsi découvrir quelle langue les bébés choisiraient, sans aucune influence extérieure. Le résultat ne fut pas celui escompté et l’expérience prit un tournant dramatique : ils finirent tous par mourir. Les bébés ont besoin de communication pour survivre, car nous sommes des êtres sociaux. De la même manière, l’enfant sauvage, s’il ne bénéficiait pas d’un langage humain, avait une multitude d’interactions avec les loups, et on peut donc dire qu’il « parlait » loup.

Il ne s’agit donc pas de se demander si l’on doit parler aux bébés ou non, c’est une évidence. C’est un élément vital.

catherine dolto

Parler, ce n’est pas faire du bruit avec sa bouche

Parler met en branle tout notre corps : mobilisation du souffle, organisation des cordes vocales. Le sensoriel entoure et prépare la parole. Parler aux enfants oui, mais de choses intéressantes : parler vrai. Parler faux, c’est dire des mensonges, ne pas pouvoir dire, mais aussi ne pas vouloir dire. Il y a là du volontaire et parfois même du malsain. A différencier du moment où l’on ne peut pas dire quelque chose, par exemple au moment d’un deuil. Un enfant, jusqu’à 6 ans, prend tout ce qu’un adulte dit (à fortiori ses parents) pour argent comptant. Il vaut mieux lui expliquer qu’il y a quelque chose à savoir, mais qu’on ne peut pas lui dire pour le moment, qu’on le fera plus tard. A différencier également du mythe, de la fable, du récit, sans lesquels on ne pourrait pas vivre et qui créent de la connivence. Je vous invite d’ailleurs à lire le très bon livre de Nancy Huston sur ce sujet : L’Espèce Fabulatrice.

Un enfant raconte des mensonges :  » Toi et moi, on sait que ce que tu dis est faux. Est-ce que tu le fais pour m’enchanter ou pour m’embobiner ? »

A la naissance, le bébé arrive dans un véritable KO sensoriel. Il va ensuite s’atteler à réorganiser tout ça, en fonction de ce qu’on lui fait vivre. La parole est un organisateur de pensée pour les humains : elle permet de mettre des mots sur des dysfonctionnements et de résoudre des problèmes. Elle permet aussi aux enfants de bien vivre le temps présent car elle noue le passé, et aide à envisager l’avenir. Dans le cas d’une thérapie par exemple, la parole va permettre, non pas à ce que le thérapeute comprenne, mais à ce que l’enfant se sente suffisamment en confiance pour faire le chemin vers la guérison. Si l’interlocuteur est sécurisant, l’enfant peut aller explorer ses profondeurs, ses ressentis corporels et affectifs, car l’adulte n’attend pas de réponse adéquate. La confiance a des effets si forts qu’ils se ressentent même au niveau physiologique : cela génère un changement de tonus et une dilatation des vaisseaux sanguins, entre autres.

Parler avec des enfants, c’est aussi savoir se taire. Et comment se taire.

catherine dolto

« Les petits ne savent pas qu’ils sont petits. Ils mettent du temps à le comprendre » Françoise Dolto

Il est très important de parler à un petit de manière réelle, avec toute la considération et l’écoute que l’on peut éprouver. Si l’enfant n’a pas encore la parole et qu’on se retrouve à interpréter ses sentiments, une précaution de langage très importante consiste à toujours dire « J’ai l’impression que … » plutôt que de lui imposer, que l’adulte sait mieux que lui. Par exemple, « j’ai l’impression que tu as faim » au lieu de « Toi, tu as faim ».

L’adulte ne sait pas tout mais peut écouter : ainsi l’enfant est actif dans la relation et a son rôle à jouer. Très tôt, l’enfant pourra envoyer des signaux à l’adulte et lui donner des indications sur ses humeurs, son ressenti, ses préférences entre tel ou tel jeu. Le discernement est essentiel et permet de mener sa vie, sans avoir besoin de juger les autres. A bon entendeur 🙂

23 réponses sur “Catherine Dolto : L’art de parler aux bébés”

  1. Sincèrement je n’ai pas trop accroché avec ses propos, qui n’avaient souvent pas de lien avec les bébés. Du coup j’ai préféré me concentrer sur Catherine Dolto 😉

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